Salta-Uyuni : Sur la terrible route du Dakar

Nous voilà donc à Salta où nous avons décidé de marquer le coup et de prendre 2 jours de repos. 2000km en moins de 3 semaines ça fatigue et ça se fête. Le samedi soir, après une petite douche réparatrice dans l’auberge de jeunesse où nous avons élu domicile, nous prenons vite les choses en main pour passer une bonne soirée ! Un saut au supermarché, une petite dizaine de litres  de bière et 1 kilo 500 de viande à faire griller à la parilla. Toutefois, dans ce pays, pouvoir disposer du barbecue commun d’une auberge demande beaucoup de patience. Trois Argentins nous ont devancés et là, autant vous dire qu’il a fallu attendre. Ici le barbecue est une tradition, bien plus : une institution ! Il faut faire chauffer les braises pendant une bonne heure ! Pourquoi donc ? Pour bien saisir la viande certainement ? C’est ce que nous pensions. Pas du tout ! Au moment crucial de mettre la viande sur la grille brulante, nos professionnels de l’asado (barbecue en espagnol) jugent bon de relever la grille 1 bon  mètre au-dessus du feu. Certes, on en rajoute un peu mais leur cuisson ultra lente nous a un peu rendus fous : « Mais ça va être trop cuit là les gars !» C’était limite plus long qu’un méchoui et  il était bien 1h du matin qu’en nous avons enfin pu cuire et déguster nos bons steaks : saignants, à la française, bien entendu. Ouah ! Les quelques bières ingurgitées pour patienter magnifient cette expérience gustative ! Tellement que le lendemain soir et le surlendemain soir, nous répèterons l’opération ! De quoi faire le plein de protéine et profiter un peu des richesses du pays. Ça change des knakis dans les sandwichs. La soirée bat son plein et nous rencontrons des suisses, des allemands et bien entendu, des français. Le lendemain, nous émergeons difficilement vers 15h. C’est l’heure des réparations diverses, de l’envoi de cartes postales, de la publication du blog et des lessives… En parlant de lessive, un petit coup de savonnette sur nos vêtements n’est point du luxe : Dans le dortoir, un de nos colocataires sort son déodorant Axe et asperge généreusement nos sacoches. Euh…Comment doit-on le prendre ? Ce n’est pas très sympa mais c’est compréhensible. Le lundi est plus actif et nous profitons enfin de cette belle ville surnommée Salta la Linda. Sa plaza 9 de Julio et ses spectacles de rue, sa cathédrale néobaroque de toute beauté, ses petites ruelles, ses squares et son Cerro San Bernardo, une montagne dominant la ville que seul l’un de nous a eu le courage d’escalader. « Les  jours de repos, ça n’est pas fait pour se coltiner 1500 marches d’escalier à grimper » estiment les deux autres. Lundi soir, il est temps de remballer nos petites affaires. Malheureusement, le short Dakine de Vincent manque à l’appel (tout comme deux de ses supers t-shirts anti-transpirants kalenji). Et ce short, c’est un peu l’élément le plus important de notre garde-robe. On le met tous les jours et on ne le lave que tous les 3 semaines (berck). Autant vous dire que Vincent reprend la route assez énervé,  jurant de bien ouvrir l’œil sur la route les jours suivants au cas où le voleur serait encore dans les parages. « Vincent, si tu veux je te prête mon super cuissard » lance Côme pour essayer de détendre l’atmosphère.



Mardi, nous reprenons la route vers le Nord. Nous grimpons à quelques 2000 mètres avant de profiter d’une descente magnifique dans une végétation tropicale. Il paraitrait même que les chanceux peuvent y apercevoir des Jaguars. Bin nous on a vu des vaches, des cochons et des ânes et c’est déjà pas mal ! Nous faisons la pause déj  au Yachting club de Jujuy. L’endroit ne porte d’ailleurs pas très bien son nom. Il y a bien un lac mais pas de bateaux. Nous notons simplement la présence d’un kéké qui est venu essayer sa nouvelle moto cross ainsi qu’un groupe de petits caniches teigneux qui perturbent sérieusement notre sieste journalière. L’un deux a même marqué son territoire sur une sacoche d’Alex. Pendant qu’Alex qui manque de sommeil grogne : « je te jure je vais lui mettre un coup d’opinel », Vincent et Côme font un plouf dans la piscine. Quelques dizaines de km plus tard, nous arrivons sur la place centrale de Jujuy, capitale de la région. Des hauts parleurs diffusent la messe en Espagnol tandis qu’Alex jure et répare son pneu qui a encore crevé. Ce n’était pas sa journée. Ce n’est d’ailleurs la journée de personne. Le soir il se met à pleuvoir abondamment sur le village de Reyes où nous faisons escale après plusieurs km roulés de nuit. Ce soir-là, l’essorage de pates se révèle bien inutile et ce sont bien des coquillettes à l’eau que nous dégustons (photo à l’appui).

Soupe à la grimace, nouvelle recette !


Le lendemain, le réveil est un peu humide. Heureusement, nous nous réchauffons bien vite avec une nouvelle ascension. Figurez-vous qu’il y a pas mal de montagnes dans la région !  Arrivés au sommet, nous faisons une pause et nous retrouvons des françaises rencontrées à l’auberge de jeunesse. Elles ont loué une voiture et vont un peu plus vite que nous. Elles nous offrent quelques gorgées d’eau fraiche, un luxe que l’on a du mal à avoir sur nos bicyclettes. Une petite descente plus loin nous arrivons au village de Volcan (aaah c’est pour ça la chaleur !) puis à Tumaya où nous retrouvons  le plaisir d’une pause dej très paisible et réparatrice.

Maman, ferme les yeux !


L’après-midi, la route est grandiose, nous alternons montées et descentes dans une vallée fertile entourée de montagnes rocailleuses. Le soir, arrivés au village touristique de Tilcara, comme à notre habitude, nous demandons à crécher chez les pompiers volontaires de la ville. Ici, cela se résume à un petit local donnant sur un petit square et à un unique pompier qui nous demande une compensation pécuniaire de 10 pesos par personne. Ah ! Payer : on n’est pas habitué ! En même temps, il s’agit d’un lieu touristique plein d’auberges de jeunesse et d’hostales. Notre Bombero a bien compris qu’il y avait un business à développer. On s’en sort avec 20 pesos pour trois. 20 minutes plus tard débarquent trois roots argentins, bien plus roots que nous d’ailleurs. Eux aussi connaissent les bons plans de grosses pinces (ou de fauchés, c’est selon)  et ils viennent demander logis chez les pompiers. Même tarif ! Notre aubergiste est assez étonnant, la bouche pleine de feuilles de coca, on ne comprend pas bien ce qu’il baragouine. D’ailleurs, en plus d’altérer sa diction, ces feuilles affectent également ses fonctions cognitives : lorsque qu’une collègue débarque, voulant masquer le petit business « d’hôtellerie »  non déclaré, il juge tout à fait crédible de dire que nous sommes des pompiers venus d’Équateur et qu’il nous accueille par solidarité. Mais bien sûr !  C’est sur on a vraiment la tête (et l’accent) de l’emploi. Nous avons bien rigolé, sa collègue également !

"le monde entier, est un cactus"


Jeudi matin, nous partageons un café avec nos compagnons de la nuit. Ces derniers voyagent sans date de retour, vont de ville en ville en skateboard et en auto-stop et  vivotent jours après jours en vendant des petits objets artisanaux. Très différents de nous finalement ce qui rend la conversation encore plus intéressante. Il est ensuite temps de reprendre la route magnifique de la veille que nous redécouvrons avec une nouvelle lumière. Nous faisons une brève halte à Humahuaca, un village typiquement andin mais également typiquement très touristique. Nous rencontrons même un de nos pairs cyclotouriste français prénommé Georges. Georges, la quarantaine, ancien boucher charcutier fait un break dans sa carrière et voyage en Amérique du Sud avec 3 appareils photos dans les sacoches. Il nous rappelle par bien des aspects ce bon vieux François, septuagénaire rencontré dans nos Landes Françaises. Le temps d’échanger un peu sur nos itinéraires puis nous nous disons au revoir. Nous allons déjeuner, au calme, 10km plus loin. Nous atterrissons sous le préau d’une école abandonnée en cette période de vacances scolaires. Pas un chat mais pas mal de chèvres. 


Nous commençons à ressentir un certain malaise du fait de l’altitude. Nous avons des feuilles de Coca sensées atténuer les effets du mal des montagnes mais on n’a pas envie de finir comme le pompier de la veille. Donc on s’abstient. En plus, à ce qu’il parait, ça déforme la bouche et ça rend les dents vertes. Non merci !  Alex a donc un peu mal à la tête, Vincent est fatigué et Côme, tout étourdi renverse sa portion de yaourt sur son pull. Il nous reste 60km à parcourir, il est 17h30 et nous ne sommes toujours pas repartis. Ah les bras cassés ! 20km plus loin, une pluie battante nous oblige à nous réfugier dans un Santuario de San Gil, petit abris de montagne pour les voyageurs. Des bougies y sont allumées et nous réchauffent. A près de 3500 mètres d’altitude, l’un d’entre nous découvre aussi les joies des dégâts intestinaux causés par tant d’effort à haute altitude. Il fait donc un certain nombre d’allers retours dans les buissons. Notre vie n’est pas simple tous les jours ! A 21h, nous arrivons enfin au village de Tres Cruces, perché à 3600 mètres. Il pleut, la température ne dépasse pas les 10 degrés et les ruelles sont désertes. Par chance nous tombons sur deux jeunes Tres Cucessois qui trainent sur un banc abrité. Ils acceptent de nous accueillir chez eux. Jackpot ! Nous avons un  garage pour passer la nuit où nous pouvons faire sécher nos affaires et nous réchauffer. Nous partageons le diner et quelques verres de coca avec Fernando et Kévin. Oui oui Kévin ! Bin ce n’est pas trop un prénom argentin mais c’est parce c’est juste un surnom, son blaze si vous voulez ! Son vrai nom c’est Karim… Ah bon !?.  Allez comprendre…
Ce bon vieux fernando


Vendredi, la journée est sans difficulté. Nous avons monté la veille, il est temps de redescendre. Nous roulons donc sans pédaler jusqu’à Abra Pampa où nous faisons les courses et retrouvons à nouveau des français rencontrés à l’auberge de Salta. Nous ne sommes pas si lents que ça à vélo finalement. Ça fait plaisir ! Après avoir déjeuné, alors que nous nous apprêtons à entamer la sieste, nous remarquons qu’un orage approche et que le vent  souffle pour une fois dans le sens de notre progression. « Eh les gars ! Vous ne pensez pas que pour une fois on pourrait arrêter d’être cons et reprendre la route maintenant  avant de se faire tremper et que le vent ne tourne ?! » Ah ouai pas bête ! Nous saisissons cette belle opportunité qui nous fait faire 50km en 2h à peine et nous envoie tout droit à Quiaca, ville frontière avec la Bolivie. Nous ne sommes ni trempés, ni fatigués. Pour une fois, nous n’avons pas été trop bêtes et nous ne sommes pas mécontents. Nous atterrissons au « camping » municipal qui est en réalité un squatte gratuit ouverts à tous les voyageurs. Il n’y a ni toilettes, ni douches mais simplement un robinet et un espace couvert. Nous nous endormons paisiblement sur le son des guitares et percutions. Nos colocataires de la nuit se lancent  en effet dans un concerto endiablé et interprètent avec beaucoup de talent le répertoire des chansons populaires Espagnols et Latino-Américaines : Manu Chao, La Mona Jiménez, Janett, Calle 13…Nous ne participons pas car il nous faut prendre de l’énergie. Le lendemain est un grand jour : après 2500 km, nous quittons l’Argentine pour la Bolivie.


Lost in the Pampa


Le passage de frontière se passe bien. C’est l’occasion de ressortir nos passeports et de faire nos petits commentaires sur les tampons des différents pays que nous avons traversés. C’est un moment propice à la prise de conscience sur le chemin déjà parcouru. Aussitôt de l’autre côté, Vincent va changer nos derniers pesos contre des bolivianos tandis qu’Alex s’empresse de trouver une nouvelle carte sim bolivienne pour communiquer avec sa chérie. Il commence d’ailleurs à avoir une bonne collection de cartes et une certaine expertise sur la téléphonie mobile internationale : Yoigo, Mcel, Vodacom, Movistar, Tigo…. Tu ne peux pas test ! Le contraste entre les deux pays n’est pas flagrant pour le moment. On remarque simplement la tenue vestimentaire traditionnelle des femmes bolivienne (pas franchement hyper sexy) et les voitures de taxis customisées Sparco, Booze, Nitro… Peut-être ont-ils étaient influencés par la récente arrivée du Dakar en Bolivie. Quoi qu’il en soit, ils se prennent tous pour des pilotes. Nous nous mettons comme objectif du jour d’atteindre la ville de Tupiza, située à70km de la frontière. Nous entamons l’aventure à 13h et 40km plus loin, nous n’avons toujours pas trouvé quoi que ce soit à nous mettre sous la dent. « A 3km vous allez trouver un resto de routier » nous dit une passante. « Encore une petite montée et vous y êtes » affirme le chauffeur d’une camionnette en nous offrant trois morceaux de pains. 10km plus loin c’est le ventre archi vide et le sentiment que les boliviens ne sont pas très bons en estimation kilométrique que nous atteignons le petit resto improvisé de Arenales. « Je vais lui faire faire ces 3 km à vélo à la meuf là, elle va mettre trois heures et elle arrêtera de dire des conneries ! » Bah ouai quand on a faim on ne devient pas très fréquentable. C’est tout de même avec plaisir que nous découvrons qu’en passant la frontière, nous sommes devenus riche. Nous mangeons comme des rois pour à peine 2 euros chacun.  Puis il est temps de repartir, si les boliviens ne sont pas très fiables « kilométriquement parlant », notre carte routière non plus : l’étape ne fait pas 70km mais 100. Mais la route est magnifique ce qui nous apaise. Nous traversons des gorges magnifiques, des petites rivières et des petits villages où les habitants nous encouragent. Sympas ces boliviens ! 





Le soir, arrivés à Tupiza, nous mangeons dans un petit stand de rue très bon marché. « Alors les gars, la Bolivie ? » Et bin c’est grave cool, on va pouvoir s’éclater le bide. Nous partons ensuite jeter nos matelas de sol derrière la station-service de la ville (as usual). Vincent et Côme plantent la tente et Alex qui ce soir a la flemme dort  sous un camion-citerne pour se protéger de la pluie. Bien dormi Alex ? « Il y a des chiens qui sont venus me renifler toute la nuit ! J’aime pas les chiens ! » Bon,  voilà un dimanche qui commence dans la bonne humeur. Un petit dej vite enfilé, c’est la fleur au fusil que nous entamons notre première piste de terre bolivienne qui doit nous mener 100km plus loin à la ville d’Atocha, le soir même. C’est une longue étape pour de la piste mais ce n’est pas impossible pensons-nous naïvement. A la sortie du village de Tupiza, nous quittons donc la route asphaltée pour emprunter cette fameuse piste. A l’entrée,  un panneau indicateur : Atocha =100km, Uyuni=200km. Les premiers kilomètres sont très agréables. Nous nous arrêtons tous les km pour faire des photos, filmer et commenter le paysage.


A priori, une piste tranquille, disaient-ils....

 Tout va donc très bien sauf que 2h plus tard (il est déjà 13h), nous n’avons parcouru que 20km. Le calcul est donc vite fait, nous faisons du 10km/heure, le tout sur du plat. Pas terrible donc ! D’autant plus que de très belles montagnes commencent à se profiler. Normal, me direz-vous, c’est quand même la cordillère des Andes ! De plus un passant nous avait bien indiqué qu’il devait avoir de la montée sur les 40 premiers km. La montée la voilà donc ! Et elle s’annonce très difficile : il fait chaud, la pente est très rude et les pierres de la piste ont tendance à nous déséquilibrer. Au loin un lacet qui s’enfonce derrière la montagne et qui semble être le dernier. A cinq reprises au moins, nous pensons en être venus à bout. Mais une nouvelle montagne surgit à chaque fois, c’est interminable. Vincent sort l’altimètre que son frère lui a offert pour Noel : « Alex ! File-moi l’appareil, je vais prendre une photo de l’écran pour montrer à mon frangin qu’on n’est pas des rigolos ! » . 3992 mètres à l’écran. Pas mal mais peut faire mieux ! Ça tombe bien, ce n’est pas fini, c’est même loin d’être fini ! Mais le souffle nous manque. Alex et Côme sont tout blancs, Vincent qui lui  est plus en forme ce jour-là est tout rouge. 

J'en connais un qui a le moral dans les chaussettes

Nous faisons une petite pause pomme quand un motard (une moto cross bien entendu)  s’arrête à notre hauteur. « Where do you guys come from ? ». Si nous nous sommes français, il n’y a pas de doute, lui vient des US. Lui aussi voyage en Amérique du Sud mais avec un moteur en plus. Nous l’interrogeons sur la suite du parcours. « Flat or down » nous répond-il d’un ton assuré. Le même ton sur lequel il nous affirme qu’Atocha se trouve à 50km. « Il s’est bien foutu de notre gueule le ricain » pestons nous quelques 20km plus loin quand nous sommes encore à enchainer les cols à 4000 mètres et que les bornes kilométriques infirment largement ses indications. Nous râlons bien plus que nous avançons. A 16h30, il faut se rendre à l’évidence, il nous reste entre 60 et 70 km à parcourir  nous n’avons toujours pas déjeuné. Alors à moins que d’un seul coup surgisse une descente qui nous mène tout droit à destination, nous allons avoir beaucoup de mal à venir à bout de l’étape avant 11h du soir. Quoi qu’il en soit, nous sortons le réchaud et un petit kilo de pates. Il faut reprendre des forces. Côme n’est pas très en forme et manque d’appétit. Alex s’occupe donc de finir son assiette. Il n’en manque pas une celui-là ! Le déjeuner est silencieux et le moral n’est pas là. Seuls quelques jolis lamas et leurs petits nous redonnent un peu de baume au cœur. Quand, à 17h30, nous voulons reprendre la route, Côme s’aperçoit que son vélo est encore plus crevé que lui ! 

Como te LLamas ? 

Nous changeons donc la roue avant et attaquons l’ascension d’une nième montagne. La Cordillère des Andes c’est une chaine de montagnes. Du coup « montagnes » est au pluriel et il y en a plusieurs. Nous n’y avions pas trop pensé en démarrant cette journée. C’est en tout cas une bonne leçon : en Bolivie tu ne te fais pas des étapes de 100 km les doigts dans le nez. A 19h, nous sommes dans les nuages à 4100 mètres, la nuit tombe petit à petit tandis que la température chute considérablement. Un panneau indique Atocha à 53km. Même si la suite de l’étape est censée être plate, nous ne la finirons pas aujourd’hui : Trop froid, trop dangereux. Par chance, nous arrivons, au sommet d’une crête,  à un minuscule hameau de trois ou quatre constructions parmi lesquelles nous identifions une niche, un enclos à Lama et une petite maisonnette où vit une famille. Nous demandons à cette famille s’il est possible de passer la nuit ici. La mère, prénommée Philomène est très gentille et elle nous ouvre une cabane suffisamment grande pour que nous puissions tenir avec nos vélos. Elle nous protégera de la pluie et surtout du froid glacial qui est tombée sur la montagne. Nous nous endormons très tôt, épuisés mais heureux de passer la nuit en pleine montagne, au milieu de nulle part.

Un peu le Château de Versailles pour nous ce soir là

La bande des caïds des Andes

8h30 : l’un des  4 fils de Philomène ouvre notre tanière pour nous réveiller. Eux se lèvent à 5h, pas de raison que ces gros fainéants de cyclistes fassent la grasse matinée. Il pleut, nous n’avons pas grand-chose à déjeuner et la perspective de cette  nouvelle journée ne nous ravit pas. Néanmoins, les petites bouilles de ces 4 garçons nous redonnent le moral. Ils ont des casquettes Dakar sur la tête et nous racontent que la course est justement passée sur cette route. Mais seulement les motos. Trop étroit et dangereux pour les voitures ou les camions ! L’un des quatre petits essaye de nous impressionner en faisant des accélérations avec son petit vélo sans pneus. Il nous attendrit. A 10h30, nous quittons nos petits camarades sous la pluie en espérant voir bientôt apparaitre cette longue surface plate dont on nous a parlée. 

Avec une sucette dans la bouche tu vas pas aller loin petit!

Celle-ci ne survient que sur les 20 derniers kilomètres. Avant cela,  nous devons encore venir à bout d’un certain nombre de cols. C’est décidé, la prochaine fois nous nous renseignerons mieux sur le relief. On demandera à plusieurs personnes et on fera une série d’échantillonnage statistique pour être bien sûr se promet Vincent. Le paysage est quant à lui  à la hauteur de nos attentes. Des montagnes à perte de vue dont certains sommets enneigés  à 6000 mètres, une végétation étonnante et très changeante aux détours des versants et des crêtes. Puis après cette dernière montée qui fait mal partout, une descente très raide puis une ville qui surgit de nulle part : Atocha ! Ça y est nous y sommes. Nous nous ruons sur le premier resto venu et engloutissons chacun deux plats de patate, riz, escalope ainsi qu’un grand Coca (la boisson !). Un petit garçon du village qui se demande bien ce qu’on fout là  vient nous demander si on fait le Dakar. Il est mignon lui mais faut pas tout confondre : on en a chié, nous !


On a hésité a aller pisser 12 mètres plus haut, on aime les chiffres ronds!




Le lendemain matin, c’est avec pas mal de motivation et une touche d’appréhension que l’on s’apprête à effacer les 100 derniers kilomètres nous séparant d’Uyuni. En effet, la veille, des habitants nous  ont indiqué qu’une rivière nous empêcherait certainement de passer. Nous voulons cependant tenter notre chance. A 8h, nous nous rendons donc à la banque pour tirer de l’argent. En effet, nous sommes à sec et il nous faut faire des provisions de vivres pour cette longue journée qui s’annonce. Petit hic : pas de distributeur dans cette ville qui ne dispose pas de connexion réseau pour faire marcher les cartes bleues. « Euh, on est un peu dans la merde là non ? » Bin ouai pas mal ! D’autant plus que nous sommes des individus endettés. L’orage de la veille nous a obligés à prendre une petite chambre et la note reste à payer. Plusieurs « solutions » s’offrent à nous :
-Un virement bancaire : bin il n’y a pas vraiment internet non plus et puis ce n’est pas certain qu’on trouve un mec avec un RIB ici.
- Mendier : on y a pensé !
- Filer à l’anglaise et parcourir 100km avec pour seul provision un sachet de cacahuètes de 30g : pas génial !
Nous décidons d’opter pour une quatrième solution. Prendre un des 2 bus journaliers qui se rendent à Uyuni en demandant une avance d’argent au chauffeur. Bingo, ça marche, nous chargeons nos vélos sur le toit et nous voilà partis ! C’est donc le ventre vide mais les fesses « confortablement » installées sur des fauteuils que nous voyons défiler le paysage jusqu’à Uyuni. 4h plus tard et deux rivières traversées, nous arrivons à bon port, un peu frustrés d’avoir eu recours à ce moyen de transport mais soulagés. 

Sur la route des motards du Dakar

1 commentaire:

  1. Salut, cousin Vincent. Je vous ai perdu qq semaines depuis l'Afrique (qui est bonne hôtesse), mais je viens de rattraper l'Argentine et le début de la Bolivie d'un seul coup! Du coup j'ai des envies furieuses de viande grillée. Hélas, ce soir je devrai sans doute me contenter de knakis, Nadine n'étant pas là, et Valentin et moi du genre feignants pour la cuisine...Vos aventures nous font rêver, même si vous habitez des gîtes sordides (ces petit camps ne sont d'ailleurs pas désagréable à la longue et ces matelas conviennent bien à vos chambres). Biz de Tonton

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