La Paz-Cuzco: Le club des 7

Nous sommes donc à La Paz, cœur de la Bolivie. C’est la première fois depuis Buenos Aires que nous atteignons une ville de cette ampleur. Le choc est de taille ! La ville vit à cent à l’heure. Partout les minibus s’embouteillent et travaillent leurs démarrages en côtes dans des rues aux pentes invraisemblables. Les vendeurs ambulants sillonnent les avenues vendant tout et n’importe quoi et les étudiants préparent joyeusement le carnaval à venir. Bref ça bouge. Le décor de La Paz est impressionnant, la ville est nichée au cœur d’une cuvette sur les flancs de laquelle s’entassent les habitations. Tout autour de la ville se dressent fièrement les sommets enneigés de la Cordillera Real. Nous sommes conquis par ce mélange détonnant entre la tranquillité des Andes et l’effervescence de la ville.
De notre côté nous nous préparons à vivre un programme chargé pour ces quelques jours de repos dans cette belle cité. Première étape, rejoindre nos compères de l’ESCP Alexis, Quentin et Vianney qui nous attendent fiévreusement depuis 24h. Ces trois zouaves se sont également lancés à vélo de Paris à Casablanca et de Buenos Aires à Quito (à découvrir sur http://l-eldorado-a-velo.blogspot.com/). Sur la route, nous ne résistons pas et allons déguster le double Whooper le plus haut du monde au Burger King du coin (et oui on ne se refait pas…). La Grande Echappée toujours à la recherche des records les plus extrêmes ! Nous retrouvons finalement nos trois potes qui squattent pour quelques jours la mystérieuse Casa de ciclistas de La Paz. 

La chaleur de la casa de Ciclistas

Casa de ciclistas ? Kesako vous dites-vous…  Il faut imaginer Cristian, un jeune bolivien commissaire à l’UCI (Union Cycliste International) passionné de vélo qui décide un jour de transformer une maison de famille plantée au cœur du centre-ville de La Paz en un joyeux squat à destination des cyclotouristes. L’idée est de mettre à disposition tout le nécessaire : cuisine, plancher pour mettre nos matelas, douche, internet. Bref tout ce dont on peut rêver. A peine a-t-on mis les pieds dans la maison que l’on retrouve notre univers : des cartes routières dans tous les coins, des pièces de vélo trainent par terre et ça pue la sacoche de vélo (ceux qui nous ont accueillis une nuit se souviennent de cette odeur pour le moins particulière). Surtout à la Casa de ciclistas on rencontre des voyageurs à vélo à tout va. Il existe de nombreux types de cyclotouristes. Il y a le classique, celui qui a le même profil que nous et s’offre une année de vadrouille un peu par hasard. Il y a le marrant qui a toujours une anecdote croustillante sur n’importe quelle partie du monde. Il y a l’épuisant, celui qui te coince sur un bout de canapé et te parle de l’entretien de sa cassette arrière pour l’éternité. Il y a le déconnecté, parti depuis déjà trop d’années et qui semble vivre dans une galaxie très très lointaine. Et enfin il y a nos potes que nous retrouvons dans une belle effusion de joie.
Pas de temps à perdre, dès le lendemain nous prévoyons l’ascension du Huana Potosi, un des sommets veillant sur La Paz et culminant à quelques 6088m. Une petite soupe et au lit ! Au matin c’est une belle équipe qui se serre dans le minibus affrété par l’agence à destination de la montagne en question : Alex, Côme, Vincent, Alexis, Vianney, Quentin et Ted, cyclotouriste français parcourant le continent d’Ushuaia à Lima. 7 grands gaillards qui partent à l’assaut de leur premier (et probablement dernier) sommet à 6000m. Quelques kilomètres nous séparent du camp de base situé à 4700m, nous voyons grandir doucement la grande masse blanche du Huana Potosi.

L'unique toilette du refuge, à imaginer la nuit sus la neige

 Il faut bien le dire, nous partons plutôt confiants. Après environ un mois à arpenter les cols argentins et boliviens nous nous sentons en forme olympique. A peine arrivés au camp de base, nous recevons notre équipement : piolet, crampons, guêtres, habits pour le froid, casque, etc. Ah oui tout de même, une quinzaine de kilo ! Et nous voilà partis pour le refuge situé à 5100m, au pied des premières plaques de neige. Nous y arrivons à 17h et partons quasi immédiatement nous enfouir au fond de notre sac de couchage car le réveil va sonner à minuit pour donner le top départ de l’attaque vers le sommet. Au programme de la nuit entre 4h et 6h de grimpette au piolet pour rejoindre l’arrête sommitale du pic nord du Huana Potosi (oui ça fait classe dit comme ça non ?). Evidemment, à 18h le sommeil ne vient pas si facilement et nous nous tournons et retournons  en imaginant ce qui nous attend dans quelques heures. Surtout nous découvrons certaines propriétés étonnantes de l’altitude et ses conséquences sur le corps humain. Comme nous l’explique Alexis « A 5000m la pression atmosphérique est deux fois inférieure à celle du niveau de la mer, les gaz peuvent donc occuper deux fois plus d’espace ». Effectivement nos estomacs sont traversés par d’étranges courants provoquant: vomissement, diarrhées, nausées et autres réjouissances. Imaginez-vous 7 mecs dans un dortoir avec des intestins qui jouent au flipper. Une nuit mémorable ! A minuit nos guides boliviens viennent nous sortir du lit. Nous faisons grise mine devant le petit déj. Certains ont dormi quelques heures et d’autres non. Nos estomacs semblent être entrés en guerre civile et très franchement, l’idée de faire du sport à cette heure-ci nous paraît légèrement saugrenue. Dehors un violent orage agite la montagne, ça gronde, ça blizzarde, ça vente. Bref la belle confiance affichée la veille a fondu comme neige au soleil, voilà c’est dit on pétoche ! « Après tout pourquoi ne pas rester boire des chocolats chauds dans nos duvets ? » pouvait-on lire dans nos regards. A 1h nous sommes dehors tout équipés, de vrais petits alpinistes en herbe. Nous sommes encordés par groupe de 3 : un guide bolivien avec deux nazes du piolet. Et c’est parti pour l’attaque du sommet !

Les permiers mètres sous la neige

 Dès les premiers mètres la pente se fait abrupte et nous testons la qualité d’accroche de nos crampons. La progression est extrêmement lente et un orage impressionnant nous entoure. 45 minutes après le départ les coups de tonnerres et les éclairs se font plus oppressants, nos guides décident de faire marche arrière, trop dangereux. Retour au refuge ! Nous poirotons crampons au pied dans la neige. A 3h nous lançons le deuxième assaut vers le sommet (alala ça aussi c’est classe !). Le temps nous sourit, le ciel se dégage gentiment et nous voilà repartis. Nous grimpons dans un silence seulement interrompus par quelques instructions de nos guides. Outre la grimpette, la difficulté est de lutter contre les effets de l’altitude. Maux de tête, maux de ventres, souffle court  chacun fait son choix ! Vincent et Vianney se vident régulièrement les entrailles dans la neige, Alexis a la tête qui va exploser, Alex lutte contre son estomac. Après deux heures d’ascension à la lampe frontale notre moral n’est pas bien haut et nous commençons à croiser certains groupes partis plus tôt qui abandonnent à mi-parcours. Heureusement en nous retournant nous apercevons une magnifique tache jaune dans la nuit, les lumières de La Paz. Nous repartons les yeux rivés sur le sol, un pas après l’autre, tout doucement. La pente se fait plus raide et nous franchissons un petit mur de glace qui nous paraît un Everest à lui tout seul.
A 5800m nouvelle pause qui nous permet de souffler, la nuit est encore bien noire mais le sommet approche. Vincent et Vianney établissent un nouveau record avec une diarrhée à haute altitude à moins de 5m du reste du groupe. « Une grande fierté, un aboutissement personnel et collectif» nous confieront plus tard les intéressés. Nous franchissons la barre des 6000m alors que le jour commence à se lever, et avec lui un sale vent pointe le bout de son nez pour geler le notre.

Comment expliquer au guide qu'on a une urgence dans ces conditions?!

 On sent franchement la fatigue physique qui se mélange au manque de sommeil. Nous atteignons la crête,  la dernière difficulté: quelques mètres d’ascension sur un chemin d’une trentaine de centimètres bordé à gauche et à droite d’un précipice franchement flippant. Et puis tout à coup on lève la tête et nous y voilà. 6088m ! Nous ne voyons d’abord rien, puis le voile de nuages se déchire et le panorama apparait enfin. Devant nous les sommets enneigés de la Cordillera Real, au loin la montagne Ilimani et ses 6400m, derrière nous le lac Titicaca, à gauche et à droite les crêtes du Huana Potosi. La fatigue aidant, on ressent une émotion rare face à ce spectacle. Quelques minutes pour profiter de cette vision irréelle. Et déjà c’est la descente, le soleil transperce les nuages et pour la première fois on se réchauffe.

Quelques instants sur la terrasse des Andes

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l'ultime crète, le "moment de vérité", disent-ils

 La première heure de descente est à couper le souffle, on se sent seul au monde au milieu d’une neige immaculée (d’ailleurs je crois qu’ici les photos sont plus parlantes que les mots !). On profite de ces quelques instants de pur bonheur. Malheureusement le ciel se couvre à nouveau et nous offre un épais brouillard sur la fin du trajet. Alexis, Alexandre et Quentin sont à leur tour malade et les derniers mètres jusqu’au refuge se font dans la douleur.  Ouf ! Nous y voilà ! Nous sommes tous dans un état de fatigue rare. On ne s’attendait pas à se prendre une telle claque ! Ce sont des zombies qui redescendent finalement au camp de base pour un retour vers La Paz. Quel combat ! 5h d’ascension pendant la nuit puis 4h de descente, tout ça pour monter laborieusement à 6000m et avoir un t-shirt moche donné en cadeau par l’agence organisant le trek. 




Arrivés à La Paz dans l’après-midi nous filons rapidement au lit. Le lendemain  nous comptons les courbatures, nous sommes encore un peu sonnés par l’aventure de la veille. Une nuit surnaturelle, complétement hors du temps. Nous compensons l’activité d’hier par une glandouille accrue à la Casa de ciclista. Enfin une journée de repos sans  rien à penser à part manger des saltenas et trainer dans les rues de la ville, ça fait du bien. Le jour d’après les plus courageux se motivent pour descendre à vélo la célèbre route de la mort réputée pour avoir été la « route la plus dangereuse du monde ». Une vertigineuse descente de 4600m à 1700m d’altitude sur une piste étroite bordée d’un précipice. Rassurant n’est-ce pas ? La route traverse tous les paysages pour rejoindre le commencement de la jungle bolivienne, l’Amazonie. A l’opposé les moins courageux (nommons les : Vincent et Alexis) se motivent pour regarder des films en mangeant des glaces. Une vertigineuse descente dans l’univers des navets américains en somme. 


Au sommet de la route de la mort



On touche avec les yeux Vianney

une rivière traverse la route, CQFD

Et déjà l’heure de quitter La Paz sonne pour nous. Nous souhaitons faire un bout de route avec Alexis, Vianney, Quentin et Ted. Nous hâtons donc notre départ pour former avec eux un grand peloton de voyageurs. Ce sont 7 vélos qui quittent La Paz ensemble vers le Pérou. La Grande Echappée, Ted voyageur solitaire occasionnel et l’équipe de l’Eldorado à vélo se mélangent pour former un monstre aux super pouvoirs. Un peu comme une fusion dans Dragon Ball Z somme toute. C’est avec bonheur que nous nous élançons sur les routes avec de nouveaux compagnons. Ca papote et ça papote, on partage avec  enthousiasme 6 mois d’expérience respective sur les routes. Même si évidemment, mélanger plusieurs groupes implique de menues concessions  « Euh quand tu parles de mettre le réveil à 6h c’est dans quel but exactement ? ». Bref nous partons. Il nous faut d’abord remonter notre bien-aimée cuvette de La Paz pour revenir sur l’altiplano bolivien.

Au café du commerce



 Nous affrontons ensuite pour la nième fois  les effets collatéraux du carnaval du mois de février. Eviter les bombes à eaux, contourner les gamins armés de pistolets à eau et se méfier des bus desquels surgissent des bombes de mousse à raser. La routine quoi ! A nouveau sur les routes, nous prenons un vrai plaisir à rouler à 7, nous impressionnons les conducteurs de camions qui nous respectent (un peu) plus et les kilomètres défilent plus facilement. Après une soixantaine de kilomètres nous atteignons les rives du mythique lac Titicaca que nous avions contemplé du haut du Huana Potosi. De l’eau ! Après plus d’un mois dans la terre aride et rocailleuse de Bolivie nous sommes ravis de voir cette mer miniature entourée d’une nature joyeuse. Dans notre rétroviseur les sommets de la Cordillera Real s’éloignent petit à petit. Plusieurs kilomètres plus loin nous trouvons le spot de bivouac de nos rêves. Au bout d’un long ponton de bois, au cœur du lac se dresse une petite salle de restaurant qui accepte de nous loger si nous y mangeons. Entourés par les eaux claires du lac, seuls au monde, nous vivons des minutes paisibles et heureuses.  Côme sort sa canne à pêche pour ramener des truites. Quentin, Vianney, Alexis et Ted le regardent plein d’espoir, Vincent et Alex eux savent…  Nous regardons le soleil passer derrière les montagnes en jouant à la belote et en faisant des mots croisés (alors effectivement vu comme ça on peut avoir l’impression qu’on est légèrement ringards, mais ce n’est qu’une impression). Ça nous fait du bien de voir d’autres gens tout de même !


sans doute un de nos plus beaux bivouacs


Dès le lendemain nous continuons notre plongée au cœur du lac Titicaca. Nous suivons une fantastique route épousant les flancs de collines tombant dans l’eau. Nous profitons à plein de la vue d’autant que comme ça monte, ça nous occupe.  Le lac ne failli pas à sa réputation, l’endroit vaut son pesant de cacahouètes. Par contre comme toujours les belles vues se payent cher et nous faisons les montagnes russes toute la journée.  Nous arrivons à la ville de Copacabana au bord du lac, dernière bourgade bolivienne avant le Pérou. Copacabana, le nom nous fait rêver, nous nous voyons déjà sirotant un mojito sur une plage de sable fin entourés de déesses en bikini. La réalité est un poil différente : il flotte et la ville est un immense repère de backpackers. Qu’importe, nous posons notre paquetage pour une journée de repos nécessaire. Effectivement la virée à La Paz nous a plus fatigué que l’inverse et les maladies commencent à faire leur retour. Nous passons donc 24h à dormir et manger des salchipapas (délicieuses knackis-frites). Seul Alex a le courage de s’embarquer pour Isla del Sol pour découvrir un peu de la culture Inca.  Les autres préférant aller jouer à la belote sur les îles flottantes. Une autre forme de culture en somme…

Titicaca


Les iles flottantes

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Après cette pause vivifiante en bord de lac, notre chouette équipée se décide à remonter en selle. Le Pérou est à moins de 15km et il nous démange d’aller faire tamponner notre passeport. Evènement majeur de cette journée c’est l’anniversaire d’Alex (ouais il a 24 ans le bougre !). Pour fêter ça nous faisons 90 km dans la journée. Le passage de frontière se passe bien, nous ne sommes pas vraiment dépaysés. Seul changement notable, nous découvrons avec circonspection l’Inca Kola boisson gazeuse nationale péruvienne au goût de bubble gum et à la couleur jaune pipi. Nous terminons notre étape aux abords de la ville d’Ilave et nous squattons la cour d’une école pour y planter nos tentes. 7 vélos,  5 tentes, 3 réchauds, 6 casseroles. Nous transformer la pelouse en camping municipal, pas facile d’être discret à 7.  Alex vit la soirée d’anniversaire de ses rêves : se cailler les miches dans la cour d’une école paumée au milieu d’un bled miteux du Pérou à manger des pâtes mal cuites en altitude entouré de 6 gaillards dégageant une odeur de bouc ! Ne nous remercie pas Alex ça nous fait plaisir ! C’est donc des étoiles dans les yeux que nous rejoignons notre sac de couchage. 

Juste derrière la frontière

Son plus beau kéké d'anniveraire (Kéké= gateau en boliviano)


A 7 nous roulons à un rythme d’enfer, près de 100km par jour. Nous passons d’abord par les grandes et plutôt moches villes de Puno et Juliaca qui marquent notre séparation avec ce cher lac Titicaca. Nous profitons de ces arrêts pour réparer nos bicyclettes dont la transmission se barre en sucette. Le vélo de Côme fait des bruits de tracteurs (ce qui est malheureux quand on n’a pas de moteur). Après 10000km et quelques nos chaînes fatiguées ont limé notre transmission. Moralité : nous sommes tous les trois contraints de changer  chaînes, plateaux et cassette. Nous apprenons de nos erreurs et parfois nous nous sentons un peu con « Ah bon il y a un sens sur les pneus ? Sans déc’ ? ». 
L’asphalte défile sous nos roues à une vitesse fulgurante, nous frisons les 24 km/h de moyenne, vitesse que nous jugeons indécente. Il faut dire que nous sommes bien aidés par le relief, de La Paz à Cuzco la route épouse avec amour les contours de plusieurs vallées et évite soigneusement les belles montagnes environnantes. Après une nuit dans une station-service des faubourgs de Juliaca nous mettons le cap vers le patelin d’Ayaviri. Le matin au moment de partir nous avalons difficilement notre petit déjeuner à la vue d’un cadavre sur le bord de la route. Un péruvien s’est fait renverser à quelques mètres de notre camp pendant la nuit…

Une fois de plus on échappe à la douche, ce coup-ci on l'a cherché


 Nous découvrons doucement le Pérou. Les premiers pics verdoyants au loin satisfont notre imaginaire, le Machu Picchu n’est plus très loin. Nous constatons le lien culturel entre la Bolivie et le Pérou, les mêmes habits traditionnels, la même alimentation et toujours des encouragements sur le bord de la route. Seul hic, les péruviens semblent accros au klaxon  et nous avons l’impression de perdre quelques points d’audition par jour. En même temps, à 7, il faut bien le dire ça ne vole pas toujours bien haut, il vaut peut-être mieux être sourd finalement.
Déjà Cuzco se profile, plus que 200 km avant de rejoindre l’ancienne capitale Inca. Au matin nous quittons Ayaviri après un petit déj’ gargantuesque. Nous passons les doigts dans le nez un tout petit col à 4300m et arrivons après 85km avalés en 4h aux sources d’Aguas Calientes. Nous sautons dans notre maillot de bain et nous glissons délicieusement dans des piscines à 41°. Ca fait près de 5 jours que nous ne nous sommes pas lavés et franchement on est tous d’accord pour dire que c’était pas fairplay de pourrir leur eau comme ça… Mais bon ça valait le coup. Nous sentons le poids des kilomètres disparaitre doucement. Nous ramollissons comme les pâtes dans notre casserole. Après 2h à bouillir notre cerveau est totalement cuit au point que Côme déclare « elle est pas mal cette musique péruvienne finalement» (ce qui comme tout le monde le sait est totalement impossible). Un orage monstrueux éclate et sonne la fin de la récré. Il nous reste une quarantaine de kilomètres à faire et nous remontons à contrecœur sous un temps de chiotte sur nos montures.
on vous rassure, l'eau était déja marron avant nous. Bon, ptetre un poil moins...


 Heureusement la route longe une rivière qui nous conduit en descente droit vers la ville de Sicuani et sa fantastique caserne de pompiers. Nous renouons avec nos habitudes argentines et nous investissons les lieux avec tout notre barda.. La journée suivante est le copier-coller de la précédente (du coup c’est pratique pour le blog je peux faire un copier-coller aussi). Nous continuons notre descente vers Cuzco qui culmine à peine à 3400m, la naze. Même schéma, ça roule à vive allure, il faut éviter l’orage de 14h puis repartir en espérant un rayon de soleil pour finir la journée. Après quelques 80 km notre route se sépare en deux.  A gauche celle pour Cuzco, à droite l’immense trans-amazonienne conduisant droit vers le Brésil. Sao Paulo est indiqué à 4800km. Côme et Vincent se tâtent un instant à changer leur plan pour filer voir la coupe du monde en juillet mais bon en y réfléchissant bien c’est peut-être pas une bonne idée.  Nous débarquons finalement à Urchos nichée au fond de la vallée. Sans savoir pourquoi nous sommes tous d’une humeur joyeuse et nous avons un vrai coup de cœur pour la place principale de la ville. Qui sait, le fait qu’il y ait des beignets, des hamburgers et des galletas pour pas cher sur cette place y est peut-être pour quelque chose ? Nous cherchons comme toujours un endroit couvert pour dormir car très franchement sortir les tentes à cette altitude c’est déprimant. Cette fois c’est Don Emilio, le père de la paroisse qui nous prend sous son aile. « Attendez une minute je vais chercher mon vélo et je vous conduis quelque part ». 30 secondes plus tard nous voilà essayant de suivre le padre qui déboule dans les rues de la ville à une vitesse étonnante sur un montain bike de compét’  pour nous emmener au bâtiment paroissial. Encore une fois, l’hospitalité péruvienne fait ses preuves et nous trouvons un endroit parfait pour la nuit. Nous sommes surpris par la facilité avec laquelle nous trouvons des logements pour 7 ici.
Au matin nous nous faisons un petit déjeuner Ricoré, en famille au soleil comme dans la pub’. Cuzco est à portée de roue, une quarantaine de kilomètres  à peine nous sépare de cette ville au nom si évocateur (même si pour Vincent c’est le dessin animé « Cuzco l’empereur mégalo » qui vient en premier). Nous traversons une interminable banlieue comme à chaque fois que nous entrons dans une grande ville. Les bus bondés nous asphyxient comme à leur habitude  avec leur pot d’échappement moisi. C’est dimanche ici au Pérou et comme chaque dimanche depuis plus d’un mois c’est carnaval. Et Comme chaque dimanche on se fait repeindre la face à la mousse à raser. Et comme chaque dimanche Alex se demande « non mais au bout d’un moment ils vont se lasser non ? ». Et bien non ! Peu importe, nous pénétrons dans le centre historique de la ville, splendide. Un beau programme nous attend ; du repos (du vrai cette fois) et la visite du célébrissime (et horsdeprix-ssime) Machu Picchu. Attention Manco Capac on arrive !

Scène classique d'un jour de carnaval

Le marché central de Cuzco

en attendant le prochain post..


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